Bien le bon jour chers explorateurs et lecteurs de tout bord,
Un petit billet archéologique pour nous rappeler que l’on découvre chaque jour des choses formidables et incroyables sur nos ancêtres de l’antiquité. Dans cet article, nous nous plongerons au cœur d’une résidence romaine sophistiquée où un masque assez énigmatique a été retrouvé dans l’ancienne cité de Ptolémaïs.
Ptolémaïs, située en Haute-Égypte à environ 120 km en aval de Thèbes, est avec Naucratis et Alexandrie, l’une des trois cités grecques de l’Égypte antique. Son passé possède donc assez riche. Elle se trouve assez au sud, sur la rive droite du Nil.
Cet article de Laurie Henry permet de mettre en lumière à quel point ce type de cité antique détenait une place importante dans un pays fort divisé économiquement, socialement, culturellement et militairement. Ptolémaïs est la petite Pompéi de cette région du monde.
Quand la détermination paye
Dans cette ville antique de Ptolemaïs, située sur la côte méditerranéenne libyenne, des archéologues polonais ont révélé une résidence urbaine de l’époque romaine tardive ainsi qu’une mystérieuse sculpture faciale. Ces trouvailles ouvrent une nouvelle fenêtre sur l’histoire de cette cité grecque, fondée au IVᵉ siècle avant J.-C. et abandonnée après la conquête arabe au VIIᵉ siècle.
« Les fouilles archéologiques offrent un éclairage crucial sur les dynamiques sociales et technologiques des civilisations anciennes, notamment dans des régions au croisement de cultures comme la Libye. Dans ce contexte, des chercheurs de l’Université de Varsovie, après une interruption prolongée due à la guerre civile, ont repris leurs travaux à Ptolemaïs, une cité antique fondée par la dynastie des Ptolémées.

Leurs recherches, marquées par des découvertes inattendues, ont révélé une résidence dotée d’un système hydraulique avancé et une sculpture faciale énigmatique. Ces vestiges, associés à des données structurelles sur l’acropole de la ville, fournissent des indices précieux sur l’ingéniosité urbaine et les interactions culturelles à l’époque hellénistique et romaine. Ce travail s’inscrit dans un effort continu pour documenter la complexité historique de cette région, encore largement méconnue, avec des implications anthropologiques profondes ».
Une résidence au système hydraulique avancé
En juin 2024, les recherches archéologiques à Ptolemaïs ont mis au jour une résidence remarquablement bien conçue. Elle date de la fin du IIᵉ ou du début du IIIᵉ siècle de notre ère. Cette demeure s’organisait autour d’un péristyle central. Il s’agit d’un espace à ciel ouvert bordé de colonnes, qui constituait le cœur de l’architecture domestique de l’époque. Ce péristyle se trouvait entouré de pièces fonctionnelles, dont une cuisine, un escalier menant à un étage supérieur, et une salle ornée d’une mosaïque polychrome, révélant le souci esthétique des propriétaires. Le point le plus remarquable de cette habitation reste cependant son système hydraulique sophistiqué. Il comprenait un impluvium, une structure spécialement conçue pour recueillir les eaux de pluie. Ainsi, l’eau était dirigée vers deux citernes souterraines. Cela garantissait un approvisionnement régulier dans une région où l’accès à l’eau était vital, essentielle à la survie et au confort des habitants.
Toutefois, cette résidence n’a pas échappé aux aléas naturels, notamment aux séismes qui ont secoué la région au IIIᵉ siècle. Ces tremblements de terre ont gravement endommagé la structure, nécessitant des réparations et une réorganisation de l’espace. Les chercheurs ont identifié des modifications apportées durant la période romaine tardive. Ils notèrent d’ailleurs l’ajout de conteneurs en pierre près de l’entrée. Ces éléments, souvent retrouvés dans des maisons aisées de la région, servaient probablement au stockage d’offrandes ou de taxes en nature. Ce qui suggère un rôle administratif ou rituel pour cette demeure. Ces transformations témoignent certes de la résilience des habitants face aux catastrophes naturelles. Mais elles démontrent aussi l’évolution des pratiques sociales et économiques au fil des siècles.
Une énigmatique sculpture faciale à Ptolemaïs
Une découverte particulièrement intrigante a émergé des fouilles. En effet, les chercheurs ont mis à jour un visage humain, réalisée dans du mortier hydraulique. Elle se trouvait sur les parois d’une citerne. Cette figure est dépourvue de traits distinctifs ou d’attributs permettant une identification précise. Ce caractère atypique et mystérieux intrigue les chercheurs. Les analyses préliminaires menées par le Dr Piotr Jaworski, responsable des fouilles, mettent en lumière des similitudes avec des sculptures découvertes dans les sanctuaires libyens. Il le rapproche notamment des sculptures rupestres de Slonta, situé au sud de Kyrene. Ces œuvres témoignent d’une tradition artistique locale influençant les cultures gréco-romaines de la région.

Cette connexion stylistique suggère une potentielle influence culturelle locale, voire une implication directe d’artisans ou de commanditaires d’origine libyenne dans la conception de la maison. Cette hypothèse ouvre des pistes sur l’identité des occupants et leur possible rôle dans les échanges culturels entre les communautés grecques et libyennes de l’époque.
Cependant, cette interprétation reste à ce jour hypothétique, faute de preuves épigraphiques ou contextuelles plus solides. Ce visage sculpté pourrait également refléter des croyances ou des pratiques symboliques propres à cette région. Elles seraient alors intégrées dans l’usage quotidien ou dans des rituels associés à l’eau, essentiels dans un cadre semi-aride. L’absence de précédents connus pour ce type de représentation élargit encore les possibilités d’interprétation. Ces éléments soulignent l’intégration des élites locales dans les structures politiques et culturelles des cités grecques. D’autres recherches sont attendues, notamment des analyses plus approfondies des matériaux et des techniques de fabrication.
Le potentiel de l’acropole
En décembre 2024, d’autres recherches archéologiques à Ptolemaïs ont pris une nouvelle dimension avec l’exploration de l’acropole. Cette structure fortifiée se situe stratégiquement à 285 mètres d’altitude, offrant un avantage défensif naturel. Elle abritait des éléments essentiels à la vie urbaine, tels qu’un réseau complexe de citernes et de puits pour l’approvisionnement en eau. L’acropole s’étend sur onze hectares. Elle comprenait également un théâtre situé sur son versant nord, et un hippodrome à sa base, soulignant son rôle non seulement militaire, mais aussi social et culturel. À travers une cartographie détaillée et une modélisation 3D, les chercheurs de l’Université de Varsovie s’emploient à reconstituer désormais l’organisation spatiale et les fonctions variées de cet espace. Ces outils modernes permettent d’identifier des structures jusque-là invisibles à l’œil nu, ouvrant la voie à des investigations ciblées dans les prochaines saisons.
Les premières analyses géodésiques révèlent une exploitation optimale du relief par les urbanistes antiques. Ils intégrèrent des remparts, des tours de guet et des murs défensifs supplémentaires au nord pour sécuriser la cité en cas de siège. Ces constructions témoignent d’un savoir-faire technique avancé et d’une planification rigoureuse adaptée aux contraintes du terrain.
Toutefois, une grande partie de l’acropole demeure inexplorée. Notamment des zones susceptibles d’avoir accueilli des habitations ou des lieux de culte. Les données collectées jusqu’à présent indiquent également la présence de nombreuses structures architecturales dont la fonction reste à déterminer. Les archéologues espèrent que les futures campagnes de fouilles et les analyses des matériaux révéleront des informations cruciales sur la vie quotidienne, les pratiques religieuses et les stratégies de défense de cette cité antique, enrichissant ainsi la compréhension globale de Ptolemaïs.
À très vite pour d’autres articles dans cette rubrique qui me passionne.
Prenez soins de vous et de vos proches, les amis.